Crédit: Carmy Basaki

Je n'ai pas le temps de gérer le temps : les dédales de mon silence

Aujourd’hui, j’ai trouvé du temps, je sors un peu de mon silence. Je jette une bouteille à la mer, un poème brodé dans le prolongement du trajet pour la respiration. Quand j’écris, j’aime surtout me convaincre de la nécessité de mon acte. Peu importe le temps qu’il faut pour la plus petite pensée, le plus petit mot, je n’hésite pas. Cependant, le niveau atteint n’est jamais vraiment celui auquel on aspire. Alors il faut travailler sans relâche, c’est le propre des âmes qui ne peuvent se passer de l’écriture.

Se donner le temps de briser le silence

Minuit surgit. Comme à l’accoutumée, je ne dors pas. Je consulte le calendrier : nous sommes le 1er septembre. Cela fait un mois que je n’ai publié aucun billet. Ce n’est pas le syndrome de la page blanche à proprement parler. En effet, j’ai beaucoup écrit entre les heures où l’activité relevait du miracle. J’ai manqué les cours pour écrire. Des poèmes, uniquement des poèmes, pour saisir l’instant. Seulement, comme nous le disait un certain M. Blaise, notre professeur de français, parfois on n’a pas le temps de gérer le temps. Moi, je fais de mon mieux. Je dis que demain tout ira bien, que je pourrai pleinement profiter des jours. Mais déjà, il me faut partir. Le temps m’est compté, le silence m’appelle. Oui, les heures s’écoulent de plus en plus vite, je retourne bientôt à mon mutisme. Je reviendrai quand j’aurai franchi une ligne d’arrivée.

Temps et silence. Un ordinateur portable.
Un poème oublié dans mes archives. Crédit : Carmy Basaki

Mon poème : à Malkia

j’ai laissé aux soins de la galerie les photographies restantes du trajet, les lectures qui ne sont pas allées plus loin que la trentième page — et peut-être, entre les captures d’écran, des yeux qui pourraient t’appartenir mais desquels tout m’éloigne encore.

je te dis que je pars bientôt. que ce n’est plus qu’une affaire de quelques souffles. que les boulangeries nous attendent dans un pays qui n’existe pas encore. tu ris, mon soleil, tu ris car tu ne sais pas nommer mon désarroi.

quel est mon âge ? à ce nombre se mêle la pression des lignes d’arrivée. travail, amour, maison, enfants, tout ce qui gravite autour de l’argent. ne m’en veux pas de réfléchir en fonction de mon domaine d’études.

je te dis que j’arrive. les chances sont pourtant proches de zéro. mais j’arrive. c’est pour l’infime probabilité que je respire. j’arrive, tu le sais, je gravis encore les marches de l’escalier du temps et des dérivations.

là-bas, il y a des ouvertures intactes, une vue sur la vie, et nous pouvons parler les soirs, loin du tumulte et des regards.

attends-moi, l’heure inconnue de la vie est en gestation.

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Auteur·e

maishatherapie

Commentaires

Gheartie
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Ta bouteille jetée à la mer est arrivée à mon port. Tes mots sont toujours aussi vivants. Je m’en lasserai jamais.

Carmy Basaki
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La bouteille a fait un long voyage, chère Getou. Merci pour tes mots touchants.

Yseult
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Toujours un plaisir de te lire ❤

Carmy Basaki
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Merci, Yseult ! Tout le plaisir est pour moi.