Crédit: Carmy Basaki

Profession : étudiant de Kalambo

Il va sans dire que la vie d’étudiant n’est pas de tout repos. Entre la charge de travail académique, les responsabilités diverses et la vie sociale, trouver un équilibre relève de l’acrobatie. À l‘Université Catholique de Bukavu, sur le site de Kalambo, être étudiant est une profession à part. D’abord, cela exige d’écourter le sommeil, de se lever de bonne heure et de se préparer pour la course aux moyens de transport. Ensuite, il faut de la persévérance pour suivre les cours malgré l’épuisement du trajet. Et enfin, du courage pour le retour et le recommencement du cycle.

Voici un souvenir que je garde d’un jour passé dans la localité de Kalambo, à quelques kilomètres de la ville de Bukavu.

C’était il y a une année

Mardi, 18 juillet 2023.

Tout commence à cinq heures du matin. Entre le trajet, la fuite du temps et les passants, l’on finit par se perdre dans un flux d’informations. Avec un peu d’attention, l’on peut extraire de la vitesse du décor un poème, une ébauche de nouvelle ou de roman dont on remettra l’écriture à demain. Cette routine, les étudiants de Kalambo ne la connaissent que trop bien. D’abord, Un arrêt de bus, une file d’attente, une course contre la montre. Et après, le voyage.

Jour normal à Kalambo

Ce jour-là, l’aller se déroule sans encombre. Une quarantaine de minutes en autobus et nous voilà arrivés à Kalambo. De la verdure à perte de vue, de l’air frais, et beaucoup de poussière en raison de la saison sèche. De notre emplacement, nous pouvons contempler le paysage : les collines, le lac Kivu qui nous accompagne de l’aller au retour, et l’inaccessible lointain.

L’après-midi ne tarde pas à se présenter, ensoleillé à souhait. Nous quittons le site plus ou moins dans les mêmes conditions qu’au départ.

Deux bâtiments de l'Université Catholique de Bukavu, sur le site de Kalambo. Les étudiants marchent sous le ciel ensoleillé. Le sol est empoussiéré.
Université Catholique de Bukavu, site de Kalambo. Crédit : Carmy Basaki

À peine partis de Kalambo, les étudiants bloqués en chemin

Cependant, à proximité de la base Msara Monusco, le chemin est impraticable. Aucun véhicule ne peut avancer, car un accident est survenu quelques centaines de mètres plus loin. Nous quittons l’autobus sans poser de questions. Il faut se débrouiller pour regagner la ville. C’est le début du périple. Très vite, nous avançons en groupe. Les étudiants les plus chanceux obtiennent gain de cause auprès de quelques automobilistes ; ces derniers les prennent dans leurs véhicules. C’est ce que l’on appelle communément un leaft. D’autres groupes, par contre, montent dans les bennes des camions disponibles. Peu importe qu’ils contiennent des pierres ou non, l’essentiel c’est de rentrer en ville. Être étudiant à Kalambo, c’est bel et bien une profession à part.

Près de la base de la Monusco, à Msara. Un autobus vient de s'arrêter. Les étudiants venus de Kalambo descendent et se mettent à marcher. Le soleil est ardent. De la verdure tout autour. Profession : étudiant de Kalambo.
Sur le chemin du retour, non loin de la base Msara Monusco, les étudiants quittent l’autobus. Crédit : Carmy Basaki

Marche en groupe

Un arrêt en chemin

Près de Bwindi, sur la route de la commune de Bagira, notre camion s’arrête ; deux demoiselles descendent. Je leur emboîte le pas. Dans la foulée, le véhicule démarre, personne d’autre n’a sauté après nous. En réalité, ce sont elles qui ont décidé. Nous en rions. Nous nous dirigeons vers un stand pour acheter un en-cas. Puis nous marchons un peu, jusqu’au bord du lac. L’occasion est trop belle, il faut une séance photo. Et nous nous déplaçons en guettant le passage d’un véhicule bien précis.

Une jeune étudiante souriante au bord du lac, à Bukavu, près de Bwindi. République Démocratique du Congo. Elle vient de Kalambo. Profession : étudiant de Kalambo.
Une photographie de Rosine. Crédit : Carmy Basaki

Le meilleur pour la fin

Un peu plus loin, vers le centre de distribution de la BRALIMA, deux jeunes garçons assis au bord du lac contemplent l’horizon. C’est le plus beau moment de l’après-midi. Nous n’avons pas plus tôt profité de l’azur, que c’est déjà le moment de partir. Après avoir identifié le véhicule que nous attendions, nous sommes soulagés de pouvoir rentrer chez nous avant le crépuscule. Nous donnons alors aux aînés un résumé de notre aventure. Tout en soulignant l’épuisante profession qu’exerce chaque étudiant en général, nous nous remémorons nos expériences vécues à Kalambo.

Deux jeunes garçons assis au bord du lac Kivu. Les étudiants observent. Bukavu, RD Congo. Le ciel, le lointain. Profession : étudiant de Kalambo.
GRHQ+9F8, Bukavu, République Démocratique du Congo/ Crédit photo : Carmy Basaki

Ce n’est qu’au terme de cette expérience que j’ai appris l’identité de mes deux camarades de l’auditoire, après deux années passées dans la même promotion. Je reste convaincu qu’à l’avenir, nous nous souviendrons de ces moments avec un entrain mêlé de nostalgie : la conviction d’avoir surmonté toutes les sommes générées par nos vies.

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Auteur·e

maishatherapie

Commentaires

Max Rippin
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